Restructuration chez Compass Group : les travailleurs dans le flou
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En juin dernier, le groupe de catering Compass Group annonçait sa volonté de se séparer de 550 travailleurs. Depuis lors, les travailleurs sont dans le flou le plus total quant à leur avenir. Fabienne, déléguée CSC, travaille sur le site du Parlement européen. Elle partage l’inquiétude de ses collègues.
Que s’est-il passé depuis l’annonce de la restructuration ?
Fabienne : « Depuis l’annonce de la restructuration, nous avons seulement eu des réunions d’information. Nous avons demandé des informations complémentaires tant sur le budget que sur ce qu’ils comptaient entreprendre dans l’entreprise. A part cela, il ne s’est pas passé pas grand-chose car il y a eu un arrêt des réunions pendant un mois et demi. C’est difficile car les travailleurs attendent. Ils ne savent pas ce qui va leur arriver. En plus du Covid, ça n’arrange pas les choses. »
Quelle est la situation aujourd’hui par rapport au Covid ? Combien y a-t-il de personnes au chômage ?
F : « Seul le segment Medirest (c’est-à-dire tout ce qui est médical et maisons de repos) continue à avoir des activités relativement stables. Pour le reste, 60% des travailleurs sont toujours à la maison. Quant à moi, les activités dans les institutions européennes ne m’ont permis de travailler qu’une semaine au Parlement. »
Comment les travailleurs vivent-ils la situation ?
F : « Ils ont l’impression d’avoir une épée de Damoclès sur la tête. Qui est sur la liste, qui ne l’est pas ? Tout le monde est dans le vague. Beaucoup de gens sont désespérés. Une personne m’a appelée en me disant : ma fille va rentrer à l’université en septembre, j’ai un kot à payer, je ne sais pas comment je vais faire. A cela s’ajoute le fait que certains travailleurs n’ont travaillé qu’une semaine depuis le confinement, d’autres rien du tout. Ils sont coupés de leurs habitudes sociales et vivent un sentiment d’isolement. »
Quelles sont les prochaines étapes pour les négociations ?
F : « Une réunion importante est prévue le 28 septembre avec la direction. Nous pensons qu’à partir de là, les choses vont aller assez vite car ils veulent redémarrer au plus vite avec une situation rentable. »
Savez-vous déjà quelles mesures seront sur la table ?
F : « De nombreuses mesures sont avancées, comme la multi-polyvalence, des mesures de RCC (prépension) pour les travailleurs plus âgés, du travail à temps partiel volontaire, de la mobilité fonctionnelle et géographique, des aménagements de fin de carrière, une réduction collective du temps de travail, etc. Ils parlent de faire cette restructuration de la manière ‘‘la plus sociale possible’’. Sur le papier, c’est bien beau, mais il faudra voir ce que ça donne quand on commencera réellement les négociations. »
Ce sont des mesures qui vous inquiètent ?
F : « Oui, on a l’impression qu’on va détricoter tout ce qu’on a construit au fil des années. De plus, il faut savoir qu’il y a de nombreux travailleurs à temps plein qui sont dans la tranche d’âge 55-58 ans.
Retrouver de l’emploi à cet âge-là s’ils ne rentrent pas dans les conditions du plan, ça va être compliqué. Les travailleurs qui ont travaillé beaucoup risquent d’être pénalisés par rapport à ceux qui ont moins d’années de carrière mais qui ont l’âge requis pour avoir droit au RCC. Ca va créer des inégalités entre les travailleurs. Cela dit, on n’a encore rien négocié. On verra si on peut faire rentrer ça dans les négociations futures. »