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Discours de clôture de Marc Leemans

Découvrez le discours de clôture de Marc Leemans, Président de la CSC.

Congrès de la CSC sur la transition, Ostende, le 12 octobre 2019

Discours de clôture de Marc Leemans, président de la CSC 

Chères amies, Chers amis, Mesdames et Messieurs nos invités,

Nous voici arrivés à la fin de notre congrès. Ces trois jours furent l’occasion de débats passionnants. Et j’attends la suite avec beaucoup d’intérêt. Parce que ce congrès sur le thème de la transition était tourné vers l’avenir. Au lieu de le subir dans l’inaction, nous devons le déterminer. Afin d’orienter les transitions.   

Avant d’aborder ce sujet, permettez-moi d’exprimer autre chose. Des remerciements. Merci aux nombreux acteurs qui ont œuvré dans les coulisses. Permettez-moi de citer deux personnes en particulier: Chris Venstermans et Jochen Mettlen, qui ont assuré l’organisation pratique de ce congrès. Je dois également citer Mathieu Verjans et Marc Becker, qui ont assuré la coordination. Merci à Chris Serroyen, Herman Fonck et Stijn Sintubin qui ont rédigé les textes. De même, je remercie les traducteurs et les interprètes de nous avoir tenus à l’écart de la tour de Babel. Merci aux collègues des différents services de la confédération. Merci à tous ceux qui sont venus sur le podium. Un très grand merci à nos hôtes internationaux, vous nous rendez plus forts, parce que vous nous aidez à replacer dans une perspective plus large les nombreux soucis d’un petit pays. Enfin… un très grand merci à chaque congressiste. C’était votre congrès sur les transitions, transitions que nous allons tous devoir traverser.   

Nous avons l’habitude de résumer les nombreuses décisions en quelques revendications phares. Les acteurs de la transition. Aujourd’hui, je vous en propose dix et je vous invite à compter avec moi.

Premièrement, l’humain n’est pas au service de la technologie, au contraire, c’est la technologie qui est au service de l’être humain! 

Les choix technologiques sont des choix de société. Tout comme la technologie doit faire l’objet d’une concertation. Lors de ce congrès, nous avons érigé le principe Pia. Parce que nous sommes indignés. D’abord face au scandale lié à la petite Pia, ce bébé dont la vie dépend d’un médicament au coût exorbitant. Ensuite, à cause d’une entreprise pharmaceutique qui bloque le remboursement d’un type de gouttes ophtalmiques, de sorte qu’elle encaisse 500 millions de plus au détriment de la sécurité sociale. Les pouvoirs publics doivent cesser de financer les évolutions technologiques pour ensuite permettre que les entreprises commercialisent ces évolutions dans leur propre intérêt. Le soutien à la recherche et au développement, doit être assorti de conditions claires sur le plan légal: notre société et notre économie doivent en récolter les fruits. 

Deuxièmement, ce n’est pas la technologie qui pose problème en soi, mais la répartition des gains! 

On peut compenser les pertes d’emplois en un endroit par des créations d’emplois ailleurs. Ce principe s’applique naturellement de manière générale. En accordant systématiquement une attention particulière aux situations spécifiques. Et il s’applique à condition que nous parvenions à redistribuer les gains technologiques, ce que nous avons assez bien réussi par le passé. 
Cette réussite n’offre toutefois aucune garantie pour l’avenir. Car les mécanismes de redistribution sont démantelés partout dans le monde. 

En effet, les syndicats, garants de la redistribution, sont constamment attaqués sur leur droit à la concertation sociale. Voilà pourquoi il est capital de préserver ces mécanismes de redistribution, mais aussi de les renforcer. Il n’est pas normal qu’un bénéfice de plusieurs milliards, réalisé en une nanoseconde grâce à la spéculation boursière, échappe encore et toujours à l’impôt alors que l’on surtaxe un revenu ordinaire gagné à la sueur de son front tout au long de la carrière. Un euro, quelle que soit la façon dont vous le gagnez, doit être imposé de la même façon. 

Troisièmement, guidons les travailleurs dans le dédale de ces transitions! 

La technologie offre des possibilités pour améliorer la qualité du travail. 

En allégeant le travail ou en le rendant plus sûr. En travaillant moins ou autrement. Mais la loi sur la norme salariale rend impossible une réduction de la durée du travail avec maintien du salaire. Cette loi doit être abrogée! 

Evidemment, la transition aura également un impact négatif sur les emplois dans les entreprises. Nous disposons déjà d’un cadre pour les restructurations. 
Le meilleur au monde, selon les employeurs. En fait, ils veulent dire que pour eux, il pourrait être un peu moins restrictif. Pour la CSC, il faudrait qu’il le soit davantage. Les entreprises doivent investir de manière proactive dans la formation tout au long de la vie, précisément pour empêcher les licenciements. Ces investissements, elles ne les consentiront jamais de leur propre initiative. Par conséquent, nous réclamons pour 2020 un droit à 5 jours de formation pour chaque travailleur. Pour tout le monde et partout, donc y compris dans les PME.  

Quatrièmement, la technologie peut également alourdir le travail.

Ce n’est pas lié à la technologie mais au fait que les modèles économiques «low cost» réalisent des bénéfices sur le dos de leurs collaborateurs, avec le soutien des lobbies qui éliminent toute forme de protection, sous prétexte que «personne ne doit entraver l’innovation». Mais le progrès peut également être synonyme de régression. Ici en Belgique, les plateformes numériques telles qu’Uber et Deliveroo ont reçu ce qu’elles ont voulu comme un «duty free»: elles ne paient ni impôts ni cotisations. Elles ne contribuent aucunement à la protection des travailleurs et à la sécurité sociale. A ma connaissance, c’est un cas unique au monde. Même les employeurs estiment que ce système dépassait les bornes. Avec les Classes moyennes, nous demandons que la Cour constitutionnelle annule cette décision. Notre dossier est solide. 

Nous espérons que cette fois les juges rendront un verdict éclairé. Par ailleurs, nous voulons également que les travailleurs des plateformes soient couverts par une assurance accident du travail et des règles en matière de durée du travail, d’horaire de travail et de sécurité et santé et ils doivent recevoir un salaire au moins égal au salaire minimum.

Mais nous devons également mettre un terme à toute forme de flexibilité excessive. Des contrats ultra précaires plongent les travailleurs dans une grande insécurité. Les entreprises qui travaillent malgré tout avec ce type de contrat doivent en subir les conséquences: une augmentation des cotisations doit rendre ces contrats plus onéreux. 

Cinquièmement, le patron ne doit pas tout savoir! 

Il fut un temps où nous renoncions volontiers à notre droit au respect de la vie privée pour se balader sur le terrain de jeu qu’est la toile. Ce temps est révolu. Nous sommes maintenant conscients des risques et nous avons recommencé à préserver un peu plus notre vie privée. Alors que les employeurs sont avides de «scanner» les travailleurs au moyen des dernières technologies. Le droit à la vie privée ne doit pas cesser lorsque vous cherchez un emploi ou que vous pénétrez sur votre lieu de travail. C’est un droit humain et les entreprises doivent s’y conformer. Toute personne qui travaille ou postule à un emploi doit avoir le droit absolu de consulter et de corriger toutes les données personnelles détenues par l’entreprise. Dossiers du personnel, évaluations, prestations, résultats de tests,... 

Sixièmement, rappelons les multinationales à l’ordre! 

Souvenez-vous du drame du Rana Plaza: 1.556 morts dans l’effondrement d’une usine au Bangladesh il y a six ans. Ces travailleurs y confectionnaient des vêtements à très bas coût pour des marques internationales onéreuses. 
Ce fut un tournant car cette catastrophe a fait voler en éclat le discours non contraignant sur l’entreprenariat durable. Ce qu’il faut, ce sont de nouvelles règles et de nouveaux droits: contraignants, lié à des contrôles et exigible par les travailleurs. C’est le cas de la loi française appliquée aux multinationales. Cette loi contraint les multinationales à rendre compte de l’impact qu’elles ont ailleurs dans le monde.

La Belgique peut suivre cet exemple, en rendant les entreprises actives à l’étranger pénalement responsables de violations des droits humains, des normes fondamentales du travail et des accords internationaux sur le climat et l’environnement. Y compris chez leurs sous-traitants. Cela contribuera à définir des règles européennes et internationales. Et appliquons ces normes et conditions à chaque marché public.

Septièmement, soutenons la transition climatique!

Nous voulons aider à la concrétiser pour la rendre socialement juste. 
Pas la ralentir mais susciter l’adhésion nécessaire. Un monde plus écologique ne nuit pas à la croissance et à l’emploi. Au contraire. C’est une condition sine qua non. La Confédération syndicale internationale n’a de cesse d’enfoncer le clou: il n’y a pas d’emplois sur une planète morte. Nous voulons et pouvons encore inverser la tendance. Et non, nous ne sommes pas naïfs ou négatifs. 
Au contraire, nous voulons un avenir pour nos enfants, un avenir positif.

Huitièmement, la migration est un phénomène irréversible. 

Les distances deviennent plus courtes, ce qui rend notre monde plus grand, avec une diversité croissante de couleurs, de cultures, de religions, etc. Certains abusent de cette diversité pour polariser la société, en flirtant parfois avec le racisme et la xénophobie. Pourtant, il faut éviter cette polarisation et la combattre. Pour nous, tout individu et tout droit humain compte.

Neuvièmement, réalisons les ODD! 

Les Objectifs de développement durable des Nations Unies pour 2030 ont déjà été approuvés en 2015. Nous serons bientôt en 2020 et nous aurons déjà perdu un tiers du temps. Car la mise en œuvre n’a pas commencé, ni au niveau belge, ni au niveau régional. Sauf dans le cadre d’initiatives de relations publiques onéreuses orchestrées par certaines entreprises. Nous proposons le triple R: avec le R de respect de droits contraignants; le R de résultats imposés; le R de règles mises en œuvre. Sinon, nous n’y parviendrons jamais. 

Nous arrivons enfin à notre dixième acteur de la transition: un autre modèle de croissance! 

La croissance économique stagne. Souhaitons-nous ou pouvons-nous retourner dans le passé? L’ancien modèle de croissance nuit fortement à la qualité du travail, à l’intégration des plus vulnérables, au climat ainsi qu’à l’environnement. Nous devons donc développer notre monde autrement. Même l’OCDE le reconnaît aujourd’hui. Cela exige des instruments pour mesurer différemment la croissance et le niveau de civilisation d’un pays. Cela nécessite un changement des rapports de force. L’économie doit se défaire de la spéculation boursière des actionnaires. Nous devons remettre notre monde entre des mains responsables. Reprendre le contrôle!

C’est ce que nous défendons. C’est le sens de notre combat. A court terme, nous serons confrontés à des défis de taille.  

La nouvelle Commission européenne entrera en fonction le 1er novembre. Nos Régions ont leur propre gouvernement. Les négociations pour un nouveau gouvernement fédéral sont amorcées. J’ai vraiment de la compassion pour les négociateurs. Mais peut-être pourrons-nous les aider. 

Vous l’aurez remarqué: depuis le 26 mai, le courrier est toujours distribué, les pensions et les allocations sont versées, les bus et les trains continuent de circuler, les hôpitaux soignent les patients, dans les écoles les cours sont dispensés, ... Si la Belgique n’est pas totalement paralysée, c’est parce que notre pays peut compter sur un système de protection sociale fort, des services publics et des équipements collectifs solides.

Pour maintenir ces systèmes, à l’avenir aussi, nous devons investir à grande échelle. Par exemple, comment allons-nous continuer à bien soigner les patients sans effectifs suffisants dans le secteur des soins? Nous voulons que le prochain gouvernement investisse massivement dans la sécurité sociale, dans la protection sociale, bref, dans la société. Conjointement aux autres syndicats – chers collègues, je vous salue – nous l’avons clairement indiqué aux informateurs, qui dans l’intervalle ont achevé leur mission. Ce que nous attendons du futur gouvernement, c’est qu’il adopte une politique juste et équitable pour faire face aux nombreuses transitions que nous sommes amenés à traverser. C’est bien différent de ce que nous avons connu au cours de la législature précédente.

Comment allons-nous soutenir notre économie dans le cadre du processus d’écologisation? Comment accompagner les secteurs? Comment allons-nous soutenir nos travailleurs dont le travail, le revenu et la vie seront influencés par les transitions? Comment allons-nous doter notre sécurité sociale de moyens suffisants et, de préférence, de moyens demandés de manière équitable à tous les revenus? Comment allons-nous assurer une pension décente pour nos vieux jours?

Nous voulons organiser une concertation sociale structurée sur toutes ces questions. Cela nécessite donc une approche politique différente. Je ne vais pas refaire le procès de ce gouvernement. «Non bis in idem», disent les juristes. Nul ne peut être puni deux fois pour la même infraction. Et l’électeur a déjà sanctionné cette politique gouvernementale le 26 mai. Tout ce que je peux faire, c’est évaluer le chaos laissé. Nous nous heurtons à un déficit de 13 milliards d’euros dont la moitié est due à une promesse non tenue qui visait à rendre budgétairement neutres le tax shift et la réduction de l’impôt des sociétés. Dans quelques années, notre sécurité sociale peut être confrontée à un sous-financement de l’ordre de 5,9 milliards d’euros principalement dû aux coupes gratuites opérées de diverses façons dans les recettes. 

Notre monde et notre mode d’habitat et de travail ne s’écologisent pas. La classe politique échoue dans la lutte contre le changement climatique et dans la réalisation des objectifs de développement durable. Et, pire que tout, le mécontentement social ne fait que croître. Les citoyens ordinaires en ont assez. Ils ne se sentent pas respectés. Ils voient que les inégalités de traitement augmentent. Ces inégalités résultent de la politique que les précédents partis au pouvoir auraient souhaité poursuivre.

Mais le résultat des élections les a ramenés à la raison. Les partis politiques de droite se targuent d’avoir enfin compris – je cite – que les charges et les avantages ne sont pas répartis équitablement. Qu’il est urgent de mieux les équilibrer. Cette approche ressemble étrangement à la nôtre. Nous nous évertuons depuis des années à expliquer que les charges ne sont pas réparties équitablement. 

Il y a deux ans, le Professeur britannique Timothy Garton Ash expliquait le succès du populisme de droite. Selon lui, ce succès est lié aux inégalités. Ce phénomène découle du fait que les citoyens ordinaires observent que les riches sont systématiquement avantagés. En outre, Ash estime qu’à la disparité de revenu et de patrimoine s’est ajoutée une frustration née de l’inégalité d’attention, de respect et de compréhension. 

Bon nombre de citoyens ordinaires estiment qu’ils sont laissés pour compte. C’est bien là que le bât blesse. Beaucoup de travailleurs ont le sentiment d’être abandonnés à leur sort, que l’on ne s’intéresse guère à eux et qu’on leur manque de respect. Trop ont le sentiment que le monde politique obéit surtout aux ordres des lobbys économiques et financiers. Voilà ce que des citoyens ordinaires dénoncent dans l’isoloir. C’est ce qu’ils revendiquent. 

Du respect pour leur travail. Du respect pour la contribution qu’ils apportent au bien-être collectif. De la compréhension pour les difficultés qu’ils rencontrent dans leur vie. De l’attention pour ce qu’ils ont à dire. Et c’est cette attention, cette compréhension et ce respect que la CSC continuera de défendre. 

Cela commence par le respect envers ceux qui travaillent dur ou ont travaillé dur et qui chaque mois, chaque année, contribuent sans détours à la sécurité sociale, aux services collectifs et à la dette de l’Etat, alors que d’autres, aidés par une armée de conseillers fiscaux, passent entre les mailles du filet. Voilà le premier axiome du droit au respect: la fiscalité juste. Une contribution juste et équitable de chacun à la société!

Cela continue par le respect de la juste rémunération des personnes qui travaillent dur. Notre position est claire, nous devons sortir du carcan dans lequel est enfermée la politique des salaires. La loi de 2017 ainsi que les éléments contraignants de la loi de 1996 doivent être supprimés.

Le salaire minimum doit être relevé d’urgence. Nous nous sommes mis d’accord sur ce point dans le cadre du projet d’AIP. La CSC a approuvé ce projet, qui a ensuite été adopté par tous les partenaires sociaux au CNT. Cet accord prévoyait déjà une première augmentation de 1,1% au 1er juillet de cette année. Et pour le 30 septembre, nous devions nous concerter au CNT sur une deuxième augmentation substantielle. Depuis, la première augmentation a été bloquée. Par conséquent, les bénéficiaires du salaire minimum perdent 17,5 euros par mois. Dans l’intervalle, ce montant représente déjà 70 euros, ce qui a déjà fait économiser aux employeurs plus de 16 millions d’euros.

La CSC veut une augmentation plus importante pour les salaires les plus bas. Mais elle ne comprend pas qu’on laisse passer une première augmentation. Cette perte n’est ni justifiable ni acceptable. Compréhension pour les travailleurs qui subissent des accidents de parcours, respect pour ceux qui partent à la pension. Cela signifie que nous devons renforcer notre protection sociale. Cela signifie qu’il faut percevoir de nouvelles recettes. Des choix politiques ont mis notre système au régime. 

On peut parfaitement infléchir ces choix politiques en trouvant de nouvelles recettes. Pour mieux faire face aux besoins en matière de soins, au coût du vieillissement, à la pauvreté, etc. Notre société peut opter pour une bonne dose supplémentaire de solidarité. Car c’est cela respecter les êtres humains et la dignité humaine. C’est cela opter pour le changement!

Ce scénario n’est pas naïf du tout. Nous pensons vraiment qu’il est possible de construire une société meilleure, ouverte, sereine, inclusive, pacifique, où ce ne serait pas chacun pour soi, et Dieu pour tous. Nous préférons prendre en main la solidarité, ici dans ce monde et dans cette vie.

Nous demandons le respect pour ceux qui, chaque jour, s’investissent dans les services collectifs, que ce soit dans le non-marchand, dans le secteur public ou dans l’enseignement. Souvent, la force d’une société ne se mesure qu’à la manière dont elle s’organise collectivement. C’est la seule façon d’édifier un socle, des infrastructures, des fondements communs... Non pas en choisissant la voie du mercantilisme et de la privatisation. L’obsession d’un Etat «plus maigre» est souvent synonyme d’obésité pour les entreprises.  

Nous demandons que l’on soit attentif aux générations futures. Au travers de ses actions pour le climat, la jeune génération se mobilise. Elle nous motive pour lutter contre le dérèglement climatique et pour une transition juste. Mieux que nous, elle réussit à vraiment agacer le camp des conservateurs. Elle est notre alliée dans notre combat pour un monde plus durable. Ensemble, nous continuerons d’exiger du gouvernement fédéral et d’une Commission européenne qu’ils soient conscients d’avoir rendez-vous avec l’Histoire avec un H majuscule. C’est maintenant ou peut-être plus jamais. 

Nous demandons le respect pour tous ceux qui s’engagent pour une société meilleure. Tant que l’on s’engage spontanément et discrètement à aider les personnes dans le besoin… il n’y a pas de problème. Tant que vous ramassez les immondices et distribuez de la soupe, et qu’en agissant ainsi, vous comblez les trous laissés par les pouvoirs publics, les secteurs marchands et non marchands… il n’y a pas de problème. Mais lorsque la société civile déclare qu’un monde meilleur ne se réalise pas uniquement grâce à un engagement charitable, et que le politique doit aussi jouer son rôle, elle est considérée comme un problème politique. 

Pourtant, notre rôle et notre responsabilité consistent aussi à faire entendre notre voix entre deux élections. Parce que notre discours diffère de celui que les dirigeants politiques estiment déduire des résultats des urnes. 
Nous sommes convaincus qu’une démocratie se renforce si elle suit attentivement les dynamiques sociales, culturelles et sociétales plutôt que de les affaiblir ou de les réduire au silence.

C’est pourquoi nous continuons à nous engager fermement à coopérer avec la société civile élargie qui œuvre pour un monde meilleur dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, de l’environnement, du climat, de la diversité, de l’intégration, du genre, de la culture, de la démocratie, de la durabilité,…

Ensemble, nous créons un monde meilleur. Le rôle des syndicalistes est d’une importance cruciale à cet égard. Vous intervenez parmi vos collègues de façon structurée. Vous entendez, voyez et parlez sur le lieu de travail. Vous donnez la parole à vos collègues sur le terrain mais aussi à l’extérieur. Vous veillez à ce que leurs voix ne soient pas seulement entendues brièvement tous les cinq ans. Vous incitez les décideurs politiques à rester sur leurs gardes. Même si cela nécessite parfois de passer à l’action. Ces interventions sont nécessaires pour une démocratie forte.  

Dans d’autres pays, des Philippines à la Colombie en passant par le Zimbabwe, souvent il est difficile de faire entendre une voix forte. Dans trop d’endroits, les syndicalistes sont privés de liberté, leurs familles sont intimidées, ils sont menacés de mort, ils sont assassinés. Parce qu’ils défendent leurs droits fondamentaux. Leur situation mérite notre attention solidaire, notre compréhension, notre respect et notre soutien. Friends of Unions worldwide, we pay you our deepest respect and we salute you!

Chères amies, chers amis, 

Je terminerai par l’expression sincère de mon respect: le respect que vous méritez. Au cours des dernières années, vous avez une fois de plus donné le meilleur de vous-même. Grâce à vous, ce congrès fut un événement enrichissant et chaleureux, avec des décisions claires. Avec un itinéraire clair pour les transitions à réaliser. Beaucoup d’entre vous s’engagent à nouveau dans la  campagne pour les élections sociales. Pour que se mette en place une politique d’entreprise, pour conclure des accords sociaux, pour définir une politique qui rende justice aux citoyens ordinaires. Parce que les citoyens ordinaires sont au cœur de nos préoccupations.   

Pour tout cela, je vous remercie du fond du cœur. Je déclare à présent officiellement clos le 36ème congrès national de la CSC.