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Edito

LE TRAVAIL DE NUIT NUIT

"Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit".

Henri Lacordaire, 1848

Faut-il permettre le travail de nuit ?

Oui ! Il est d’ailleurs permis et organisé depuis bien longtemps dans notre pays : pompiers, soignants et autres services dont nous pouvons avoir besoin jour et nuit. De même que dans bien des secteurs industriels qui exigent un fonctionnement continu.

Dans tous ces cas, le travail de nuit est accepté comme un mal nécessaire : en tant que tel il fait l’objet de négociations. Nous négocions pour protéger la santé et l’équilibre personnel des travailleurs, et pour compenser cet inconfort, en temps et en argent.

Maintenant, sous couvert de « créer des emplois » et sous la pression du lobby du Commerce qui agite des chiffres à l’emporte-pièce, le gouvernement Vivaldi veut promouvoir le travail de nuit en dehors de ce cadre sécurisant de négociation et de compensation. D’une part en rebaptisant « travail de soirée » le travail jusque minuit. D’autre part en ouvrant le travail de nuit à des « volontaires » sur base individuelle. Avec le taux de pauvreté qui explose, quel cynisme que ce « volontariat » ! Les parents qui peinent à remplir les boîtes à tartine de leurs petits, à qui on ne propose pas un vrai emploi bien payé, seront-ils « volontaires » pour laisser leurs enfants passer la soirée entre la télé et le micro-onde ? Et si leurs ados grandissent sans eux, pourront-ils les consoler en leur disant « mon chéri, je ne suis pas là quand tu vas dormir, mais ce n’est pas du travail de nuit, c’est du travail de soirée » ?

Faut-il ré-expliquer aux ministres et aux patrons la célèbre phrase rappelée ci-dessus ? Entre le fort et le faible, entre Amazon ou Zalando et la travailleuse qui éduque seule ses enfants, c’est le « volontariat » qui opprime, et c’est la Convention Collective qui affranchit.

C’est l’exemple des Pays-Bas qui inspire le gouvernement Vivaldi et les patrons du Commerce. Que sait-on vraiment sur cet eldorado du travail de nuit ? Qu’il n’y a pas de Convention Collective pour le secteur Logistique, que les salaires (y compris la nuit) y sont très bas, si bien que les Hollandais ne veulent pas y travailler, et que le « miracle » de l’emploi dans le e-commerce signifie que des agences d’intérim font venir d’Europe de l’Est des travailleurs heureux de travailler la nuit pour quelques euros de l’heure !

Voilà pour le type d’emploi qu’on devrait prendre en exemple. Et quel est le besoin essentiel qui justifierait de suivre ce chemin absurde ?

S’agit-il de sauver des vies ? Non : il s’agit de livrer jour et nuit des fringues ou des gadgets. Le cauchemar d’une société où je peux commander n’importe quel bidule avant minuit et qu’il me soit livré le lendemain. Le prix de ce « progrès » : plus de cancers et d’accidents cardio-vasculaires, des familles déstructurées, un gaspillage insensé sur le plan écologique ! Comme syndicat, nous poursuivons notre travail dans deux directions : sur le principe, limiter le travail de nuit (et le dimanche…) au cas où cela a vraiment du sens. Et, dans les entreprises où il le faudra, négocier pour que le travail de nuit soit bien compensé, et pour protéger la santé des personnes concernées.

Felipe Van Keirsbilck 
Secrétaire Général CNE