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Edito

TROIS URGENCES POUR NOS SENIORS

Le hamac avant le grabat

Depuis 20 ans, des politiques insensibles et insensées poussent vers le haut l’âge auquel on peut ralentir ou s’arrêter de travailler. Dans certains cas, pourquoi pas : si la santé et les conditions de travail le permettent. Mais pour beaucoup de gens, travailler « plein tube » jusque 65 ans est simplement impossible. En partie parce que les entreprises ne veulent plus d’eux. En partie parce que le corps dit stop. Pour les travailleurs peu qualifiés, l’espérance de vie sans invalidité est de 61 ans. Sous prétexte de « maintenir les gens au travail », on les pousse à finir leur carrière dans l’invalidité et la précarité. Le budget des Soins de Santé a, depuis 15 ans, dépassé celui des pensions. Fausses économies, mesures injustes qui conduisent celles et ceux qui ont eu la vie de travail la plus dure au grabat avant qu’ils aient pu profiter un peu des joies du hamac. 

Le Congrès CSC d’octobre a donc fait un pas important en assumant la formule « 55-60-65 » : chacun-e doit avoir le droit de ralentir (par ex, passer à mi-temps sans trop de perte de revenu) à 55 ans, de s’arrêter (sous conditions de carrière suffisante) à 60 ans (voire 58 dans certains cas), et d’être à la pension, libéré-e des obligations du travail, au plus tard à 65 ans. Voilà la première urgence pour le prochain gouvernement. Travailler plus tard dans la vie sera un sujet de discussion quand le travail ne détruira plus notre santé, et quand il n’y aura plus un demi-million de personnes – souvent jeunes – qui attendent désespérément un (vrai) emploi.

Assurance et solidarité

Les derniers gouvernements ont fait glisser notre système de pensions (basé sur la Sécu) vers un mélange de marché et de précarité. Pour le plus grand nombre : des pensions inférieures au seuil de pauvreté. Pour les privilégiés : un cocktail de pension un peu plus élevée et d’assurances-pensions privées, qui sont une vraie bénédiction… pour les compagnies d’assurance. Il n’est pas trop tard pour remettre notre système de pensions sur ses deux rails : l’assurance et la solidarité. L’assurance c’est : chaque année de travail améliore le montant de ma future pension. Dès lors, il devrait y avoir un rapport entre mes derniers salaires et le montant de ma pension.
La solidarité c’est : certains (et surtout certaines !) n’auront pas eu la possibilité de travailler assez d’années, ou auront été très mal payées (notamment à cause du temps partiel). Dès lors, il doit y avoir des « planchers » qui évitent la « double peine » : que personne ne se retrouve dans la misère parce que sa carrière aurait été plus difficile ou entrecoupée. Nous avons par le passé obtenu de réels progrès sur la partie « solidarité » : mais ce n’est pas assez (il y a encore beaucoup d’ainés, surtout des femmes, qui n’ont pas assez de pension pour survire dignement) et la partie « assurance » n’a pas progressé. Pour la CNE, il est temps de redéfinir un système qui garantisse un montant minimum suffisant et augmente les pensions « basses et moyennes » pour celles et ceux qui ont travaillé de longues années. C’est possible, c’est urgent, nous le démontrerons dans une prochaine parution.

En commun, svp !!

Nous ne le répéterons jamais assez : augmenter les revenus (qu’on parle de salaires ou de pension) n’est qu’une demi-solution si nous ne reprenons pas le contrôle du coût des besoins essentiels. Le prix des Maisons de Repos privées en Wallonie a augmenté de 32% en 5 ans ! Ça n’a pas de sens de se battre pour de bonnes pensions si c’est pour alimenter le business des multinationales qui ont mis la main sur une grande partie du secteur des Maisons de Repos ! On peut faire le même raisonnement pour le maintien en autonomie à domicile des personnes âgées. Faute d’une politique publique ambitieuse et bien financée (et il s’agit largement de politiques régionales : allô, Elio Di Rupo ? Rudi Vervoort ?) rester chez soi au grand âge deviendra aussi impayable : les vautours du marché sont prêts à se remplir les poches avec la marchandisation de l’assistance à domicile. Tout comme la Sécu, les services non-marchands de soins aux aînés sont un bien commun, qu’il nous faudra défendre durement si on ne veut pas voir nos parents servir de chair à profit pour les multinationales de la « silver economy ».

Felipe Van Keirsbilck,
Secrétaire général